lundi 22 novembre 2010

Alex Waiiiiiiiiiiii! (2)


Je suis un peu d’ici mais beaucoup d’ailleurs.
Je virevolte à travers les vallées humaines,
Je fonce à toute vitesse, fracassant les falaises en fer forgé de l’intolérance.
Aventureux, spontanée m’ont valus de nombreuses blessures tatouées à perpétuité.
Je ramasse mes maux et susurre ma douleur à l’oreille du soleil illuminé de ma force intérieure.
Je panse mes plaies pourries en particulier par l’hétéropatriarcat en pelotonnant et gargarisant mon genre dans un gigantesque gag jubilatoire.
Je ne cesse et ne cesserais donc jamais de m’émerveiller des beautés de ce monde, de cette terre, de MON univers avec naïveté, humour et amour.
La couleur de mon cœur est semblable à ce que je porte : multiple et à vif.
Alors, je cris à la vie et aux ignorants de celle-ci en me marrant à pleines dents Wai…WaiWAIIIIIIIIII !!
Ainsi, si tu veux me nommer, appelle moi wai, aLeX Wai.
Je suis et c’est déjà pas mal !

mardi 16 novembre 2010

Chloé


Je me nomme comme je suis :
Je suis une femme, je ne me suis jamais perçue autrement c’était une évidence, petite je détestais les robes au grand désespoir de ma mère qui adorait me « déguiser » en poupée avec des robes à volants et coiffer mes longs cheveux, une femme peut porter des pantalons.
A 7 ans je faisais des cauchemars dans mon lit je me voyais toute petite dedans et puis le plan s’élargissait jusqu’à s’étendre à l’infini et que je ne sois qu’une poussière, je prenais conscience de mon impermanence et de mon statut d’être humain, l’angoisse…
Je jouais au docteur avec ma meilleure amie j’étais la patiente j’aimais ça, j’ai embrassé un garçon avec la langue pour faire comme au cinéma j’ai détesté ça, normal à 7 ans, j’ai changé d’avis à l’adolescence.
J’étais amoureuse du Pourvu qu’elles soient douces de Mylène Farmer je regardais le clip au top 50 avec mon père, je me disais que je « finirai lesbienne » je ne sais pas comment je connaissais ce mot et je trouvais ça atroce.
A 14 ans je me suis féminisée, j’ai commencé à porter des jupes et des robes, à me maquiller, à me coiffer, j’étais désespérée de ne pas voir mes seins pousser, ce qui arriva plus vite que je ne l’avais prévu, j’avais beaucoup de prétendants.
J’ai rencontré mon premier amour à 16 ans, ma première expérience sexuelle aussi, j’ai aimé, c’était un beau garçon rebel avec une moto, je regardais les filles je pensais que mes copines en faisait tout autant, je ne m’interrogeais donc pas plus que ça.
Et puis il y a eu le nouvel an 2007 je suis sortie en boite j’avais 17 ans et il y a eu Brigitte qui dans la soirée m’a regardée et m’a lancé « Dis tu veux pas m’embrasser ? » Je me souviens que ma tête s’est mise à tourner et que sans réfléchir je lui ai donné ce qu’elle me demandait : c’était doux, chaud, délicieux…
Ma meilleure amie voyant cela m’en a demandé tout autant, je m’y suis refusée, c’était mon amie je trouvais ça déplacé.
J’ai quitté ce garçon, il était d’ailleurs bisexuel, au tout début de notre relation il m’a trompé avec un homme je ne suis pas offusquée de son aveu.
Quand mes parents me demandait où je sortais je leur disais que j’allais en boite homo, je ne voyais pas où était le problème et eux non plus.
J’ai rencontré ma première copine je l’ai invité à dormir à la maison, j’avais 18 ans, elle 25, je trouvais ça normal, ma mère très polie lui a demandé le lendemain si elle voulait rester déjeuner, elle a accepté.
Quelque temps après ma mère interloquée, un midi dans la cuisine m’a lancé « Je ne comprends pas, je n’ai jamais été attirée par mes amies féminines »
 Je lui ai répondu « Mais moi non plus maman » de ce jour elle a comprit.
Aujourd’hui j’ai 30 ans, je suis une femme qui aime les femmes peu importe leur genre, j’aime l’esprit féminin dans toutes ses formes, qu’elles se revendiquent en tant que telle ou pas, je veux des enfants, trouver ma « moitié ».
Ma famille, mes amis le savent, je n’en parle pas au travail j’estime que c’est ma vie privée, on ne m’interroge pas il est tellement évident que pour eux je suis hétérosexuelle, plus d’un serait surpris, je ne me cache pas dans la rue, je m’en fiche.
Je suis qui je suis.

jeudi 4 novembre 2010

Un Légo

Je vous salue Marie pleine de grâcefaites que demain je me réveille avec le même corps que mon frère. Jai longtemps fait ce vœu, jai bêtement pensé qu’ il fallait prier, fort très fort pour que Dieu, mentendeen vain. Jétais petite et naïve, Dieu n'y est pour rien.
Jétais moi, ce moi qui vivait dans ma tête, dans mes gestes, mes attitudes. On ma laissé grandir sans tuteur et je suis une belle plante ! Dieu merci ! Ma famille ma toujours considéré je pense comme un être vivant et non pas comme une « petite fille ». Mon frère a essayé de mapprendre a pisser debout, à siffler, mon père nous emmenait au foot, jai marqué des buts et ma mère applaudissait.
Jai eu les cheveux courts, un coiffeur pour homme, une mobylette et un manuel pour apprendre a confectionner  des bombes offert par mon père. Tôt jai emmené des filles ou des garçons dans ma chambre sans que lon ne me pose de questions.
Mon enveloppe corporelle sest étoffée dune paire de sein, plutôt généreuse, mes ovaires ont commencé leur travail et mes cheveux sont devenus longs et entretenus. Mon corps d enfant ma dit au revoir, avec tout ce qui va avecje nai plus pu être ce ni « fille » ni « garçon » que jaimais tant. Je suis devenue de sexe féminin aux yeux de tous. Jai compris quil y avait des différences alors. Différence de rôle, de conditions, de savoir  être et de devoir être.

Mélodie dun soir :

Grâce à mon vagin, je peux jouer à Barbie,
Grâce à mon vagin, je peux être femme au foyer,
Grâce à mon vagin, je peux me faire pénétrer,
Grâce à mon vagin, je peux me faire engrosser,
Grâce à mon vagin, je peux me taire,
Grâce a mon vagin, je peux me faire traiter de salope,
Grâce à mon vagin, je peux me faire tuer.


Mais mon cerveau et ma vie jusquà ce moment là eux nentraient pas dans ces codes. Il a fallu tricher, se conformer un peu à ce quon attendait de moi.
Un jour, un documentaire passe sur les femmes homosexuelles voire butch aux USA.Merci mon Dieu, je sais maintenant que jai un futur.
Je vis dans un village du sud de la France, très France profonde, on ne remet rien en question, on fait attention à ce que les voisins pourraient penser.
Tout le monde sait pourtant que je vais à la piscine en caleçon de bain, que je fais du skate, que mes cheveux sont trop courts, que je suis déguisée pour ma communion, et que mes parents ne méduquent pas comme il se doitJe ne ressens pas le poids du jugement pourtant, je nai jamais eu de réflexion sur mon attitude ni mon comportement. On ne connait pas dhomosexuel ni de gens pas comme il faut  ici, ou bien ce sont des histoires de famille que lon cache tellement cest moche.
Depuis mes premiers souvenirs denfant, je sais que mon attirance ira vers le sexe féminin, je fantasme des histoires, on projette même avec mon frère davoir des petites copines. Pour autant, jembrasserai aussi des garçons et même leur sexe. Je ne me refuse rien, jamais. Par contre avoir un petit copain me semble plus dur à concevoir quune petite copineJe ne me projette jamais dans une relation avec un garçon, je nai été que rarement amoureuse. En parallèle, je découvre le corps des filles et leur sexe, le mien restera mon intimité, longtemps. Je pense alors que je suis homosexuelle mais cette pensée reste loin, je vis les choses cest tout et je les aime. Par ailleurs, se dire aimer les filles me fait prendre aussi conscience que celles-ci veulent que lon soit aussi des filles - filles

Je ne sais pas nommer ce que je suis, mais je sais que ma rencontre avec un lego, mon récent engagement militant au sein d’un collectif trans-gouine- pd , les rencontres que j’ai faites depuis quelques années et les questionnements que j’ai pu avoir, m’ont permis de voir l’étendue des possibles « d'être ».
 Tout est basé sur le SEXE, lidentité sexuelle, attestée sur des bases soit scientifiques (caryotype, appareil génital), technique (les notions de savoir faire dit « masculin » ou « féminin » et qui de fait attribue les rôles sociaux, économiques, familiaux, privés publics à un « sexe »), juridique (droit de vote acquis récemment pour les femmes, nom de lépoux), social (comportement que chaque « sexe » doit avoir).
Le SEXE aussi qui indique qui tu seras, soit un « dominant » soit un « dominé » dans la sphère publique comme privée.
Le SEXE qui déterminera ton rendement économique mais aussi et de fait ton « pouvoir dachat ».
Le SEXE qui te dira si tu peux jouir ou nêtre quun « vide couille » (viol, harcèlement physique, verbal, moral) ou  un « défouloir ».
Le SEXE impose toujours une distinction.
Malgré tout, je ne me nommerai pas, au pire, je pourrai me voir comme un « Monsieur ou une Madame Patate » avec un corps que j’accessoirise au gré de mes envies.  Je n’en ressens pas le besoin, je sais qui je suis et pense savoir où je vais. Se nommer reviendrait pour moi à mettre plus en avant une partie de ma personne et à  hiérarchiser ce qui me constitue (physiquement comme mentalement). Par ailleurs, j’ai bien conscience que nos corps et nos valeurs en contradiction avec la société hétéro-patriarcale-capitaliste et par voie de conséquence discriminante  sont des combats politiques, qu’il faut défendre et  imposer.
Merci à mes compagnons de jeux et de vie.


Un Légo…

mercredi 3 novembre 2010

Val

Les seuls souvenirs de ma petite enfance, restent des photos de moi affublée de « jolies robes de petite fille »…
Vers mes 6 ans on me fait couper les cheveux courts suite à une épidémie de poux. J’ai adoré cette image de moi avec les cheveux coupés comme un garçon, par la suite il n’était plus question d’avoir une coiffure de fille…
A l’âge de 8 ans, j’ai été victime de violences sexuelles, des vacances passées dans la famille avec des cousins… Ce jour là j’ai cessé d‘être une fille, les filles sont trop vulnérables…
Je suis devenue un garçon manqué…
Je me souviens de cette terrible période qu’a été la puberté, l’apparition des seins, les premières règles…Durant des années j’ai camouflé ce corps devenu féminin derrière des vêtements amples…
A l’adolescence j’étais le « chevalier servant » de mes copines et le « pote » de mes copains…
Jusqu’à ma majorité j’étais quelqu’un d’asexué, je savais que les hommes ne m’attiraient pas, mais je me refusais d’admettre que les femmes m’attiraient…
A 18 ans j’ai enfin pris conscience que j’étais « homosexuelle », ce terme me convenait bien, il impliquait que je suis devenue ainsi de par mon vécu, il me déculpabilisait…
Premiers émois amoureux, premier rejet  « je ne suis pas comme ça »,  m’a-t-elle dit…
Puis j’ai eu la chance de rencontrer une femme qui m’a aimé pour ce que je suis : Une femme accoutrée comme un p’tit mec…
J’ai enchainé plusieurs relations, certaines géniales, d’autres plus traumatisantes, celles qui m’ont aimées telle que je suis, et celles qui assumaient mal mon apparence masculine…
Certaines d’entres elles m’ont apprise à aimer ma féminité, à la mettre en valeur…D’autres m’ont attaqué sur mon apparence masculine, ce qui n’a fait que la renforcer…
J’ai simplement envie de dire que je suis un contraste, une contradiction. J’aime les contrastes et les contradictions…Parfois j’aime parler de moi au masculin singulier en arborant fièrement un 95C…
A bientôt 40 ans je me décrirais comme une « lesbian vampire from outerspace »
Lesbienne à 100%, vampire de par ma culture gothico-cold, et outerspace parce que je ne viens pas de ce monde horrible, je ne m’y sens pas à ma place…
Ce qui m’importe vraiment est le regard que portent sur moi les gens que j’aime et qui m’aiment,  eux ne me jugent pas, ils connaissent mes valeurs…Les « autres » m’importent peu, les regards méprisants ne m’affectent plus, j’ai juste envie de les plaindre d’êtres aussi bêtes…Je dis d’eux qu’ils sont sans intérêt… L’important est la beauté de l’âme et du cœur…
Ce qui m’intéresse chez les gens c’est ce qu’ils ont dans leur cœur, quelle que soit leur apparence…Mais j’admets avoir une forte tendance à être attirée par les personnes atypiques et excentriques…
Aussi ai-je remarqué que depuis que je m’assume, je n’ai que rarement à faire à des agressions verbales…
Avant d’être une sexuelle, je suis une cérébrale…
J’aime les femmes…J’aime mes seins, mes épaules carrées, mon crâne tout ou en partie tondu, porter des paraboots, afficher ma culture musicale, mes piercing, mes bracelets de force… J’aime celle que je suis devenue…
Je sais qui je suis à l’intérieur de moi, maintenant le jugement des autres ne m’atteint plus…
J’ai enfin atteins une sérénité… « J’m’en branle… »

mardi 2 novembre 2010

Renaud Kraal

NUDE FROM "QUEERCORE COMPANY"


GaelLe dit : "Ce dont il est question ici n’est pas de savoir comment je me définis en général mais plus précisément comment JE me définis dans mon/mes genres et dans ma sexualité." ... Ok, patron, ça lfé :)

I ) Genre: 

Jusqu'à 23 ans, je me trouvais mauvais genre et comptais me faire opérer pour en changer ... finalement, c'est d'avis, que j'ai changé :) Pour trop de raisons, je ne vais pas commencer un roman ;)

Je menais ma petite vie de folperdu plus heureuz qu'Ulysse (à Paris, c'est assez facile), quand …
2fucked dit : "Assez facile ? T'es conne, c'est pas possible !! C'est juste une claque dans la gueule de tous les trans de Paname, mais c'est comme tu veux ! T'as une mémoire de poison rouge ? Combien de fois on a fait gibier pour des beaufs avinés ? Les concerts où sans les riot grrrls, on se faisait juste lyncher ? Le matin où on t'a retrouvé en sang ,bleu jaune vert,  le nez défoncé et les yeux fermés, défiguré ? Mon triple viol ? C'était "assez facile" ?? Waow super. Je suis vraiment heureuse de l'apprendre après coups ! et blessures !! Vous faites vraiment chier, à force, avec votre humour camp à 2 balles ! Pas sur tous les sujets, quand même !! (…) Si tu dis pas au moins ça, va cramer en enfer, c'est plus la peine de me parler !!"… Ok, ma Toof, toi pas fouetter moi, steuplé ;) Je le mets en cc, kom ça, ça y est, mais ce n'est pas de ça dont je voulais parler, donc je glissais ;) pardon de t'avoir blessé :)
À part ça, tu pinces toutes les cordes sentimentales, tu fais un chantage affectif, tu me traites de conne, de rouge, de poison et de thon, jvé réfléchir aux mesures de rétorsion, t trankil que tu vas prendre cher, nanmé mèrdalor! :)

.Je menais ma petite vie de folperdu plus heureuz qu'Ulysse (à Paris, c'est plus facile qu'à Tarascon, à Tarascon plus facile qu'à Moscou, à Moscou plus facile qu'à Téhéran ;D Même si nulle part c'est vraiment facile) …
… quand j'ai rencontré un petit groupe de malpolites queer qui m'a offert une aire de jeux bien plus étendue en m'aidant à découvrir qui j'étais vraiment, hors des cadres de bien et de mal, de nationalité, de pluriel, de religion, de statut social, de clocher de village, d'agressivité, de chapelle, de classe, de couleur de veuchs, d'ethnie, de genre, de prééminence d'une langue plus précieuse, plus agile ou plus acérée, de degré de dressage (couramment appelé "instruction"), d'âge, de sexualité, de signe astrologique, de famille ou autres conneries prédécoupées ...

... et développer ce moi, nu, dans un espace non-violent, non-archiste, non-aristotélicien et bienveillant en ne distinguant que ce qui est de ce qui n'est pas, puis ce qui est agréable de ce qui ne l'est pas. 

Un espace hors-compétition ... et hors-jeu, il faut bien l'avouer ;D 

C'est là que j'ai été rebaptisée Salomé :)

La perspective était de sortir de ces cadres, pas d'en définir de nouveaux ... on s'en est bien sorties :)

Et l'axe de découverte/expérimentation/création du moi était "Je suis ce que je fais", conneries comprises ;) 
... pas "ce que je ferai un jour, peut-être" ... 
... ni ce qu'un autre a fait à ma place (députée, légende du rock'n roll, équipe de foot du village, championne de tir à la hussarde, splendide révolutionnaire, reine des barebackers de merde ...
... Rocco Siffredi, Florence Foresti,  Ségolène Royal, Judith Butler, Ben Laden, Néo, Marilyn Manson, George Bush, Sarah Waters, Bilbo le hobbit, ma reum, mon pote la star ... portnin hic ... c'est pas moi :D )

Fergus dit: "Développer sur la vie par procuration et la société du spectacle. Tlm ne sait pas à quoi tu fais allusion."… Nan! Jve pa! ;D
Y suffit dton kom ;)

Un des personnes de ce groupe ("QueerCore Company" dans un sens auto-dérisoire, vu qu'on a été une douzaine les jours de gloire :D ), à la question "T'es un mec ou une fille?" qui lui revenait souvent, répondait "Qu'est-ce ça peut te foutre "C'est quoi mon sexe?" piske tfaçons, y a zéro chances que tu l'utilises un jour et que si ça arrivait, tu le saurais bien assez tôt. M'enfin, j'ai pas encore Alzheimer, donc lèsbèt!". Muhahaha, ske jlèm! :) 

Kat dit: "c de m'aimer ki tfé rire ptikon? ^^"… :)))

On est toujours partagé entre le droit à la différence et le droit à l'indifférence, les espaces queer permettent cette articulation de toutes les différences et l'incroyable diversité de ces différences procure le degré d'indifférence nécessaire, un peu comme un soirée gothik ou une karnaval ... en mieux :)
C'est même à ça qu'on reconnaît qu'un de ces espaces a été dégagé :) Zone Temporaire de Liberté Solidaire :)
Kom ici, sur "Je me nomme…" :)))

Mum disait : "Tout le monde nous trouve chem à mort. On les dégoûte et on les dégoûtera toujours, même si on rampait kom des merdes. Alors on rampe pas, même pas on plie l'échine, on les emmerde et on est bèls kom le jour, point barre!" :)))

C'est aussi là que j'ai appris comment faire monter les prods plus vite ... puis comment être dans le même état sans prods ... mais kom j'ai trouvé zéro manière de l'écrire publiquement sans tomber sous le coup "d'incitation à l'usage", on va oublier ... ;) Bien que ça ait un impact non négligeable, tant sur la dé-construction de genre que sur la sexualité… et sur tout le reste, en fait :)
(En fait, c'est là kjé appris le plus de trucs de toute ma life, alors on va pas lister exhaustivement pk sinon, on n'est pas arrivé ;D )

Finalement, je ne sais trop si je suis femelle et mâle à la fois ou ni l'un ni l'autre ... je trouve les deux inesthétiques et ennuyeux, de toute façon ... :)

Et ça me gêne qu'on me genre en me parlant, je préfère les formulations neutres.

D'un point de vue genré, je suis gender blender… ça me va :)
De mon point de vue, je suis hors-genre, je pense… :)

Ce dont je suis certain, c'est d'être non-violente, anarko-komunist et queer, c'est un genre tryptique dont les 3 parts influent bien plus sur ma façon de sexer et de vivre que mon tour de poitrine ou la forme de mes sexes.

Maja dit: "Et sinon, jamais tu arrêtes d'écrire en langage sms ? ;)" ... ça fait partie de la déconstruction de l'archisme de langue, et c'est le fond qui doit importer, pas la forme :)

Annie dit: "Chère Maja, merci de le dire. Nous finirons bien, à force, par lui faire recouvrer raison. Depuis le temps qu'il emmerde tout le monde avec sa déconstruction de langue." … :ppppppppp La langue n'est pas moins politik qu'un clit, jte frè rmarké :)
En fait je crois kjador kan portnin hic vient raconter sa life en plein milieu dmon bordel, c grav Nouël icitte ;D
Enfin non, c pas portnin hic ;)
Skon va fèr, c kjvé vous laisser le divan et passer dans la pièce à côté :D

II ) Sexualité : 

J'ai commencé par être gay ... puis bi (ça m'a pris du temps : je l'avais "décidé"  (là aussi, on va la faire courte ;D )) ... et outé très jeune.

Je me sens un peu tangent sur ce qu'entend autrui par bi ... Pour tout dire, je n'aime pas les filles ... et sans vouloir chagriner qui que ce soit, je n'aime pas trop les garçons non plus ... 


Pour autant je ne suis clairement pas a-sexuel, d'autant que je considère qu'un orgasme quotidien est le minimum vital (dans le sens "vivre à fond" opposé à "survivre kom on peut"). 

Deux, c'est mieux ... Trois ... et cœtera  ... le stop étant le degré d'usure des muqueuses afin d'être sûre de pouvoir recommencer le lendemain (au-delà de 5, ça commence à compromettre… :D ), ainsi que le temps pour d'autres activités plaisantes à effectuer, comme danser ou jardiner ou lire ou mon ménage ou mon taf.

J'aime des personnes, ce qu'ils ont entre les jambes est secondaire : je m'en accommode dans tous les cas envisageables. Leur parole, leur gentillesse, leur regard comptent plus pour moi que leur cul, leur Q.I. ou un sexe en forme de patàkouët que je finirais de toutes façons par apprivoiser si nécessaire, pk je suis légèrement têtu, des fois.

Pour éclaircir ce dernier fraz, je vais reprendre du début:

1) Le sexe, de mon point de vue, est dissocié de l'amour :
- On peut baiser sans être amoureux, j'ai testé (mais grave, lol. Toutes les mochetés ont leur période "sextoy-à-tout-le-monde", ça nous rassure :D ). 

- On peut aussi s'aimer très profondément sans baiser, on n'en meurt pas, la preuve : je remue encore :) ... et ça peut être parfois bien plus puissant que bien des histoires d'amour sexuées, d'ailleurs ... 

2) Le sexe est un jeu que je trouve agréable ... parmi d'autres. 

J'ai constaté que
- c'était agréable avec des gens qu'on ne connaît pas ... :)
- un peu plus agréable avec des gens qu'on aime bien ... :))
- encore plus agréable avec des gens qu'on aime beaucoup ... :)))
- et vraiment géant quand on est amoureux ...
(ça tombe à pic, je le suis :)))) et même plus que je ne voudrais :D )
... pareil que le macramé si on aime ça ... (enfin j'imagine pk perso, je ne maîtrise pas. Je sais même à peine ce que c'est, mais je trouvais que le mot sonnait bien ... on peut remplacer par rotin, tarot, thé, danse ou ploum-ploum-tralala ... ske tu ve ...). (Dans le sens inverse, quand on fait quelque chose de chiant, si on le fait avec quelqu'un qu'on aime beaucoup, c'est carrément moins chiant :D )

Ce n'est pas une vérité universelle, c'est un goût personnel. Je ne suis pas en train de dire que mon voisin dans un train, une camarade assez décidée, les backrooms, les parties ou autre, c'est trop de la merde. J'y suis allée, j'ai bien kiffé, j'y retournerai peut-être un jour, mais pour le moment, je n'y songe pas.


Je suis bi et je ne le dis que parce que je tiens que le coming out permanent en tous lieux est malheureusement nécessaire et important, tant pour ma liberté que pour celle d'autrui, vu le nombre de cinglées frustrés sur Terre, d'amour, de sexe ou des deux. Et pas seulement chez Hétéroland, LGBouTIQ est bien pourvue aussi de ce côté-là.
Je suis bi pk j'aime pas les gens… :D

Mum dit: "Pitêtre t'exabuses: il y a aussi des frustréEs maîtreSSEs de leurs hormones et pulsions et qui sont tolérantEs. Et des grosses saloperies qui ne sont pas frustréEs. Fais pas la mauvaise, c'est pas ton genre et ça te va mâle ;o)" … :p ;D

Mais je suis toujours un peu agacée que ceux qui entendent "Je suis bi" se le traduisent mentalement par " Super, on va kèn! " ou "Au secours, ièl veut me sauteeer!". Comment tu te la pètes, chériES, c'est énorme! :D

Mon carnet de bal est plein et si je désire quelqu'un, je ne cherche pas de formule indirecte ou alambiquée, genre "Tu sais, jsui bi, heeein?" avec une big œillade  à la clef :D

D'où le choix de mon nom chez les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence : Sextoy  ButNotYours :) Moi aussi, je sais me la péter, si je veux :D

Je suis bi, ok. G commencé à balancer ça à portnin hic que je ne connais pas à 17 ans … pour éviter les malentendus ultérieurs… ça en a créé d'autres, mais spagrav :(

… maintenant, j'aime bien les définitions rationnelles. Les gens qui se "sentent" ceci ou cela de façon totalement déconnectée de la réalité, c'est fatigant, à force. Suffit de lire le "Retour à Reims" d'Éribon pour se le rappeler. Tous ces braves communistes, même encartés… tu leur poses 10 questions et, oh stupeur, tu te rends compte que c'est au F.N. qu'ièls devraient prendre leur carte :(((

Et tous ces gens qui se laissent supposer hétéros … mais qui d'un point de vue purement factuel sont a-sexuelles, point barre :D

G une petite définition, bien factuelle, bien concrète, très peu poétique, qui plaira à pas grand-monde, surtout en Hétéroland, mais spagrav:

1) Un hétéro est qqun qui ne peut jouir qu'avec qqun du sexe opposé au sien.

2) Un homo est qqun qui ne peut jouir qu'avec qqun de même sexe que lui (ça, je le sais, je l'ai été, merci :D )

3) Un bi est qqun qui peut jouir avec qqun  des 2 sexes (Pareil: je le sais: g mis 10 ans pour y arriver à chaque fois. Blondasse, mais tête de mule sous la crinière à pointes :D )

J'ai rencontré peu de bis qui n'avaient pas de préférence du tout entre les 2, mais il y en a. C'est pluriel, chez nous.
La majorité se fixe plutôt sur un genre, si possible facilement accepté par la société où ils vivent:
Quelques bis oublient leur bissexualité dans le Marais, plus précisément "oublient juste d'en parler", non qu'elle y paraisse scandaleuse, mais ça facilite… Par contre, le nombre de bis qui passent pour hétéros est absolument stupéfiant.

Aaah, tous ces mariages où je n'ai pas été invité juste pour m'éviter de lâcher devant beau-papa que le marié baise kom une flak sous héro, muhahaha!
(Kom si j'étais malpolite à ce point-là, tsss, tsss … Je n'en aurais parlé qu'avec la mariée… ;D )


Donc pour résumer : mon genre, je m'en branle complet et depuis l'an mil. Quant à ma sexualité, on peut l'oublier avec, ce sera Noël. Yakà considérer kje suis impubère ou asexuée et ça lfra très bien ;D

… enfin, j'aimerais … ;).

En privé, genre: hors-genre et sexe: tokup! :D (On va créer une asso pour la visibilité des Tokup!, je crois que ça va grave cartonner :D )

Publiquement, gender blender (ou gynandre, ou androgyne) et bi.
Kom ça je n'ai pas botté en touche (@ Mum: :p :D )

Allez, bisous à tout le monde :) (enlèv ta lang de ma cheb, ptikon! ;D )




Ferg dit: "Le sms, le verlan, les anglicismes et dégenrements de mots freinent déjà considérablement le rythme et la compréhension du texte … Mais si tu y ajoutes les interventions de tes relecteurs, c'est un vrai massacre. Mets-les en notes bas de page. Mieux : supprime." … Ok, beauté fatale, bas de page pr une des tiennes ;)

Houyhnmné dit: " Yes !!! "… So tsé wak? I'm happy :))) Tout le monde est gentille, bèl, aimable et souriant… Jlézèm, chuis heureeeeeuz!

: Amour, Orgasmes, Fleurs et Paillettes sur vous tous et pour les siècles des siècles, aaah men, aaah women :)))




Post Scriptum: Vous pouvez commenter à mort, même pour raconter votre menu d'hier, je crois que je suis grave blindée sur ce point, maintenant ;D





lundi 1 novembre 2010

Alex Wai

Se nommer pour exister ?
Aller pourquoi pas ! J’ai mis du temps à me nommer, à savoir réellement ce que je suis, à me définir.
Et je pense que ce chemin n’est pas fini !

Mais je peux dire aujourd’hui avec fierté : Je suis gouine ! Purement gouine ! Gouine avec tout ce que cela implique politiquement. Se définir par sa sexualité on pourrait penser que ça craint, que c’est réducteur…
Mais vue la place que la sexualité prend dans ma vie, dans la vie en général moi je pense pas ! Je ne suis ni meuf ni mec, je suis gouine, pas lesbienne s’il vous plait, mais bel et bien gouine.

J’ai décidé de rendre mon sexe politique car le sexe c’est politique !

J’aime tous les genres, tous les sexes et j’aime jouer avec le genre. D’apparence, on me dira féminine/femme parceque j’ai des gros seins et que j’aime les mettre en valeur par de beaux décoltés pigeonnants.
Ha mes seins ! Les seins ! Symbole tabou de notre société tellement il est érotique mais aussi parcequ’il représente la maternité ! Foutaises ! Et bien moi je les montre ! Rien à foutre !

Et je me rends compte que ce sont les gens qui sont le plus mal à l’aise de les voir que moi de les montrer, ça c’est tellement drôle et libérateur…  LIBERONS LES SEINS BORDEL !!!

Les mecs les montrent bien, eux, leurs seins…. Pourquoi pas tout le monde hein ????

J’aime m’amuser des codes/normes  que la société nous a donnés. Je parle de moi au féminin comme au masculin indifféremment l’un de l’autre, mais merde qu’est ce qu’on s’en fou !
J’aime qu’on respecte quand je dis que je suis « heureuX » ou que je suis « fou ».
J’aime qu’on parle de moi au masculin comme au féminin.
J’aime pas qu’on me réassigne tout le temps à mon genre féminin et qu’on me remette dans ma condition de « femme ». Je ne suis pas une femme comme la société voudrait que je sois une femme, alors je ne suis pas femme.

Ce ne sont que des mots et c’est pas parler de moi au féminin ou au masculin qui va changer ce que je suis profondément.

Souvent on me demande « c’est quoi ton type de fille ? ». J’ai beaucoup cherché la réponse…

Pour ce qui est de baiser je ne suis pas difficile… Mais ce qui m’attire le plus ce sont des personnes, des individuEs (leur sexe je m’en fous !) qui interrogent  le genre. Ho oui !! Ça ça m’attire !!

Quand je baise, je ne suis ni homme ni femme, je suis gouine !

Je ne suis ni dominé ni dominante, je suis les 2. Et j’aime que pour ma partenaire ce soit la même chose. J’aime me battre et l’amour qui fait boum, j’aime la violence contrôlée, j’aime le jeu, jouer, m’amuser en général et surtout quand il s’agit de cul !!!
Je serais toujours en marge de ce que la culture, l’éducation, la société voudraient que je sois.

Je ne suis ni l’un ni l’autre ou un peu des 2 ou un peu de tout. Mon genre n’est pas figé, il est toujours mouvant, il n’est pas un entre 2, c’est un mélange, un mixe, un métissage comme mon origine.
Compliqué à accepter pour moi face aux autres mais depuis que je l’ai compris je dois dire que les autres je m’en fous royalement.

Compliqué à comprendre aussi  pour certaines personnes qui n’acceptent pas les gens comme ils sont… Grand fléau de notre monde !

aLeXxXXxx Wai

Maco

"Je me nomme donc je suis". C'est vrai. Mais j'arrive aussi à me nommer quand je sais, ou entrevois ce que je suis. Et voilà que les tourments commencent...femme aujourd'hui, homme demain, peut-être bien trans', parfois pédé, plus rarement bisexuelLE, mais toujours clitophile.



D'abord lesbienne, j'ai trouvé dans l'en-dehors de l'hétérosexualité des ressources pour explorer d'autres possibles, autrefois impensés. Lesbienne aussi parce que là d'où je viens "gouine" ne veut rien dire, alors que "lesbienne" en fait trembler plus d'unE, provoque tout un tas de frissons et renvoient à des choses mystérieuses que l'on veut enfouir à jamais. Alors oui je suis gouine à Paris, mais lesbienne chez moi. Et là on en arrive à un autre problème : qu'est-ce qu'être une gouine quand on a la peau qui n'a pas besoin de bronzer au soleil ? Qu'est-ce qu'être un gouine lorsqu'on a les cheveux raides et que les coiffures types qui représentent les autres stars féministes et queers du milieu sont comme une aude aux cheveux lisses ? Qu'est-ce qu'être une gouine lorsqu'on a été baignéE par des imaginaires qui valorisent les rondeurs, les formes plantureuses et que l'on se retrouve désormais outre-atlantique dans des milieux où l'on valorise l'extrême minceur androgyne? Alors oui, moi ça m'enmerde que des identités soit disant politiques demeurent excluantes. Alors pour faire chier, exprès, je suis lesbienne. Comme disent mes copines américaines : Black lesbian. (Copines américaines qui par ailleurs me saoulent parfois car elles pensent pouvoir parler pour les NoirEs-du-monde-entier).

Mais est-ce que ma négritude, même difficile à porter, doit me dédouaner de penser que moi aussi je pourrais être en position hégémonique sur certaines plans ? Absolument pas. Quand je bois des verres plusieurs fois par mois avec des copains et copines, en refaisant le monde, je me rends bien compte que c'est bien parce qu'on a de la tune, même sans être riches, qu'on a le temps de se branler intellectuellement, bierres à la main. Y'en a qui n'ont pas le temps ni les moyens d'aller boire des verres après chaque manif, comme on le fait nous, après avoir gueulé des heures durant "à mort le capitalisme!". Y'en a qui ne peuvent pas militer parce que militer ça coûte cher, ça fait rentrer tard, et quand on est loin et qu'on n'a plus de RER ça fout la rage. Pire encore, y'en a qui n'ont pas cinquante milliards d'asso LGBT machin-truc autour de chez elles/eux, et qui aimeraient parfois ne pas avoir cette horrible sensation d'être seulE au monde.

Alors oui dans mon identité ça compte : je ne suis pas pauvre, je suis même plutôt privilégiéE, car j'ai pu quitter ma p'tite terre et venir étudier à Paris. Alors non, je ne suis pas juste non blancHE, car d'autres, mêmes en étant blancHEs, en chient plus que moi sur certains points. "Je suis" est donc un enchevêtrement de positions, plus souvent subalternes, mais lorsqu'on est pas trop mal lotiEs concernant la fameuse classe sociale, ça reconfigure tout le reste, et être non blancHEs, non straight, n'est plus aussi terrible, même si évidemment c'est déjà bien la merde puisque j'ai déjà vécu par exemple des preuves de racismes complètement dénués de question de classe. Il était tout simplement question de me faire comprendre que ma place était dans ma brousse. Donc oui, négreSSEs, rebeux, chintok, feuj, paki, roms, etc, riches ou pauvres, straight or gay, trans' ou cis', y'en a qui trouvent qu'on pue. ça, je ne l'oublie pas. Je ne veux pas non plus faire comme si parfois, ça n'était pas absolument horrible d'être tourmentéE par des questions de genre, de sexualité, car dans ce foutu hétéro-land, tout nous rappelle qu'on est bizarre, et même sans la pauvreté, c'est un calvaire. Alors a fortiori lorsqu'on a des problèmes de tune...

Autre problème : comment être trans' lorsque la psychiatrie veut m'expliquer que si je hais l'assignation au rose, je dois épouser complètement le bleu ? Comment se modifier physiquement, refuser la stérilisation, alors que sans celle-ci il est dur d'avoir des papiers ? (papiers qu'au fond je ne veux pas tant que ça, mais qui me permettraient juste d'avoir un taff définitif, puisque je suis pas sûrE que dans cette société merdique, on puisse embaucher une Mademoiselle [GRRR !!!] Truc-machin qui affiche une barbe grossière et une voix de baryton). Alors même dans mon projet de transition je suis enmerdéE, le message est clair je l'ai compris : si tu veux pas être fââââme, soit un hôôôme comme nous on l'a décidé. Donc à moi de m'inventer une trans identité non exclusive. Non exclusive au sens où j'aimerais parfois  foutre dans la gueule de certains que c'est une femme qui vient de les mater. Donc une transidentité me permettant de faire des va et vient entre plusieurs positions. Une transidentité où je peux modifier mon corps, me muscler politiquement, me saisir des vécus liés à l'assignation à la classe "fâââââme" pour construire des non-féminités non oppressives (Non-féminités qui pour les gens ressembleront à des masculinités, car c'est bien connu, si c'est pas féminin, c'est masculin, et pi c'est tout).

"Je suis" est peut-être tout simplement trans' pour m'appaiser et m'aider à penser une autre voie que la binarité, femme dans certains milieux pour faire chier les idiots qui pensent que le monde est à eux, lesbienne pour enmerder les gouines blanco-centrées, gouine chez les lesbiennes politicophobes, tapette fier de son clito qu'il gardera à jamais pour faire chier les pédé-mainstream- phalliques-on-se-la-joue-virils,  antiraciste chez les féministes, féministe chez les antiracistes, caribénNE à Paris et ailleurs, mais dans la Caraïbes conscientE du fait que vivre toute l'année à Paris me fait avoir un vécu différent quand bien même les origines sont les mêmes,  tellement butch et queer chez les enmerdeuses de matérialistes qui déconstruisent rien, tellement matérialiste chez les queers qui dépolitisent tout, outrancièrement pute au pieux, asexuelLe monogame devant les fachos aux discours qui enjoignent à baiser tout le temps et avec plein de gens pour prouver qu'on a vraiment tout déconstruit, Négresse-nègre en tout temps et en tous lieux et enfin,  conscientE de devoir bien souvent la fermer car moi je peux étudier, me lever tard, m'acheter parfois des futilités, ce qui implique d'apprendre à ne pas sortir en tout tps Butler, Spivak & co afin de laisser d'autres parler de leurs réalités ô combien plus trash parfois.

Au final, je me suis nomméE ou alors j'ai fait la démonstration que je suis innomable dans un système de pensée ultra excluant, binaire et raciste. Et c'est peut-être un soulagement finalement de me rendre compte qu'un tel système ne me reconnait pas. Ne nous reconnait pas.

mardi 26 octobre 2010

Gouineaëlle

Je me nomme donc je suis blonde pulpeuse
Pour mes amis je suis gouine
Pour ma famille je suis amoureuse
Pour le boulot je suis gouine mais
Pour ma moitié je suis gouine féminine
Pour moi je ne suis pas juste ça.

Au boulot je suis un pot’ avec des nichons pour les garçons, une lesbienne féminine avec les filles.
Au quotidien je suis la nana qui sort avec des femmes, dans la rue je suis la blonde cruche potiche à gros seins toujours heureuse.
  Avec mes amis je suis lesbienne, je me dois de l’être à 100 pourcent, mais parfois eux aussi avouent 5h du matin comité restreint, ce n’est pas tout ou rien, ce n’est pas une croix dans une case c’est une multitude de ressentis, de chair et d’esprit, des terminaisons nerveuses des hormones et des envie, des besoins et des désirs. Alors je joue mon coté fille à fond, avant de sortir je me prépare je me maquille je met des talons des robes des bas et de la dentelle, je sors, on me regarde avec interrogation, les hommes posent un regard lourd sur moi, ils veulent tous toucher mon 90 D dans leurs rêves les plus banals.
  Avec moi je suis blonde les cheveux longs, mais je ne suis pas une plante verte, j’aime tous les sexes tous les genres tous les états civils, j’aime ceux qui sont fiers d’être la personne qu’ils souhaitent la plus complexe soit elle. J’aime ceux qui deviennent fiers, ceux qui se construisent se détruisent et ne savent pas qui ils sont.

Sexuellement:
  J’aime regarder les beaux mecs, souvent gay. J’aime regarder des pornos hétéros, me mettre à la place de l’homme, les butchs et les trans me rendent folle, « viens me chercher chériE, je veux faire un tour dans ton camion » cliché. « Soulève moi avec seulement deux doigts, dis camion. »
  Quand je rêve c’est une homme, c’est mon meilleur ami on se mari. C’est une femme, elle est blonde rousse ou brune les cheveux longs les yeux clairs et de petits seins tout rond, elle est en robe de marié moi aussi, et on fait l’amour dans un boudoir à la lueur d’une bougie.
  Quand je baise j’aime être femme, dominée, maso à souhait, te prendre par derrière, peu m’importe ce que tu as en dessus et en dedans, que tu m’emportes c’est la seule chose qui compte.
  Quand je pense à baiser je suis un homme.                      Je suis sexuée.

dimanche 24 octobre 2010

TLB

Pour mes parents, j’étais un garçon. A 4 ans, ils s’amusaient de me voir courir avec les escarpins de ma mère dans l’appartement. L’année suivante, au spectacle de fin d’année du centre aéré, je dansais sur « Eve Lève toi ». Les vieux en étaient fiers à tel point qu’à chaque fête organisée à la maison, je devais exécuter la chorégraphie pour le plaisir des convives. Dans les pelouses environnantes de la cité, les garçons jouaient à Thierry La Fronde. J’incarnais la belle Marianne, amoureuse de son héros, le petit Ludovic M.
Nous avons quitté la ville et sa banlieue pour la campagne. Mon père a lancé à ma mère : « Si tu continues à le laisser faire, tu n’en feras qu’un pédé ». Ça allait assez mal entre eux. Pour ne pas m’attirer les gifles du paternel, je me suis soudain pris d’intérêt pour les petites voitures. J’ai essayé, pour lui, mais aussi afin de faciliter mon « intégration »… Dans cette région, elle n’a jamais eu lieu. En primaire, on m’appelait « la fille manquée ».  Quoi qu’il arrive, je demeurais un « Étranger », celui qui venait de « la ville ». On ne voulait pas de moi en raison de mes origines ou de ma voix fluette… A partir de la 4ème, lassé d’être insulté de « travelo » et de «sale pédé » ;  j’ai fait une crise de nerf. Un des caïd qui me persécutait à décider de me renommer « Jo la Durite »… Période emplie de paradoxes. Les journées étaient très longues. Toujours seul, exclu, sans soutien moral, sans ami. La nuit, tout l’opposé. Dans cette pension, j’étais à la fois le « pédé de service » et l’amant d’une dizaine de garçons… De quoi devenir barge.
J’ai choisi de quitter la région à partir de la seconde pour me forger une identité de façade toute neuve. Hétéro fiancé pour beaucoup, amant furtif de passage dans des chiottes dégueulasses de gares…  J’étais la dualité intra-psychique incarnée. 3ans plus tard, je suis devenu « Mon canard ». Première passion réciproque. L’envie commune de tout plaquer.  J’ai eu peur d’être qui je suis… Il était le premier à m’aimer vraiment, mais je ne partageais pas ses sentiments. J’aimais sa gueule, son corps, son cul, sa bite. Pas sa personnalité… Quand je l’ai quitté, il m’a traité de « Salope » tout en suspendant mon corps au dessus des voies ferrées.
A 20ans, j’ai choisi d’être « Pédé » et « Pute » à plein temps. Vengeance sur les cons, ceux qui m’avaient insulté, humilié, rejeté.  Je suis passé de leur pire cauchemar à leur plus grand fantasme. En m’appropriant mon corps et ma liberté, je suis devenu fort.
Les années ont passé. J’ai expérimenté beaucoup de choses. Des bonnes et des mauvaises. Je n’ai aucun regret.
Pour ma famille et mes proches, je suis Fred. Fils, petit-fils, frère ou cousin de…
Pour la plupart des gens, je suis Thomas.
Dans mon groupe, je suis Lolita.
Dans ma troupe, je suis Monika.
Pour mon mec, je suis « Mon Cœur ».
Pour mon chien et mon chat, je suis Dieu.
Au travail, je suis un confrère, un collègue ou un collaborateur.

Je suis un être complexe et multiple. Ni jamais totalement différent, ni tout à fait le même. Je vis dans un corps de garçon. Je suis en couple avec un homme que j’aime sans honte ni tabou.

Je ne sais pas ce que signifie « être un garçon », c’est une notion bien trop abstraite pour que je puisse m’y reconnaitre. Je ne suis pas une fille non plus, (non pas parce que je n’en ai pas le corps), mais parce qu’il existe tant de façons d’être une femme que je risque de m’y perdre.

On peut me lancer mon homosexualité à la tronche, je m’en tamponne. La honte de mes récents agresseurs  n’est pas la mienne. J’explore encore bien des choses, j’analyse, je réfléchis.  Je mets en scène des éléments qui deviennent des prestations artistiques. Je suis riche de cela. Je suis « Queer Gender ». J’emmerde les cons. Je ne baisse plus les yeux devant eux. J’ai appris à me forger une carapace mentale, par moi-même, mais aussi au travers des freaks et des gens hors normes rencontrés dans mon parcours. Je reste malgré tout une « victime potentielle », mais je n’ai plus peur  :  je suis en phase avec moi-même. Je suis libre de vivre, d’aimer, de ressentir, de gueuler, de pleurer, de rire, de jouer, de jouir. Je suis l’égal des autres individus. Ma couleur favorite est le rose. Elle est  l’une des teinte de la diversité, de la richesse humaine. Il n’est pas question de m’en priver. J’appartiens à ce monde. Je crois au vivre ensemble. Je suis ce que j’ai envie d’être. Un point, c’est tout.

Buddy

Radio trottoir involontaire :
- Rue : « ben moi je ne dis pas que je suis hétéro, alors pourquoi tu dis que tes gouine ? »
- travail : «  eh c'est une insulte, tu t'insultes toi même et tu veux qu'on te respecte ? »
- famille : «  ce n'est pas très joli dans la bouche d'une fille, ma chérie, moi je préfère homosexuelle»
si j'avais voulu ton avis, je te l'aurais demandé !
Oui perverSE, malade, salE, pas normalE ! Et pourtant le droit de dire merde et même parfois d'ouvrir de nouvelles voies, le fait que je sois gouine, que nous soyons gouines, transgenres, folles, futchs, bi, queer, domina, ...................etc................... fait exploser le cadre !
Merde, chiotte, bitch, chatte, GOUINE !

Provocation versus fiertéE ?
Être gouine c'est faire de mon statut pourri un axe de revendications, une raison d'être fièrE, un angle de réflexion, c'est admettre que si je suis dominéE par ce bout là, je suis dominantE ailleurs, comprendre la place que la société a choisit pour moi et la combattre, travailler les paradoxes, envisager les convergences,
Au début, j'étais homo, goudou, pas sure, « j'me ferme pas d'porte », et en fait... honteusE ! J'ai pris mon temps pour comprendre que ce que je croyais être des liens avec le monde normal n'étaient pas choisis, comme des cordes autour de mes poignets et de mes chevilles, que je devais m'en défaire si je voulais exister .Ensuite je suis devenuE lesbienne, et je cherchais frénétiquement mes semblables, j'en ai trouvé qui se tâtaient aussi et ensemble on a sauté le pas, chacunE à sa façon, mais touTEs dans la même direction,
maintenant je suis unE gouine, j'oscille à l'envie entre une petite butchitude glam et une franche androgynie spontanée, et maintenant, pour de vrai j'ai ouvert des tas de portes, de fenêtres, j'ai pété des murs aussi, je suis gouine point point point, à l'identité mouvante mais pas friable, enrichie de tous ses courants d'air et d'idées.
je suis gouine donc regarde le monde d'une place à part et consciente, de celLE qui n'appartient pas à la grande communauté de la solidarité familiale, de la maternité imposée, du mariage comme normalité, du couple comme étalon de valeur, de celLE qui veut aimer et baiser dans tous les sens, révolutionner le monde social et le monde du cul,
de celLE qui, étant moche et perversSE, fait de ces tares l'instrument de son autonomie, de celLE qui se sent travestiE en robe couture occasionnelle et qui aime ça, qui s'adore en caleçon et parle de ses poils avec tendresse, qui aime et baiserait bien les butchs, les fems, les mécanicienNEs en talon haut, et qui aimerait les baiser différemment, parce que je ne suis ni un homme en plus doux ni une femme en plus brutale,
de celLE qui milite contre les violences faites aux femmes, qui sait que ces violences sont partout à combattre, y compris chez les gouines, y compris en elLE,
en me nommant gouine je disloque la force de la norme, en moi et autour de moi, je m'affranchis du seul désir de convaincre, je vais très loin parce que c'est jamais trop loin, parfois je souffre en silence et souvent je gueule à plusieurEs, je continue à combattre, à désirer, à créer, à m'aimer et à aimer, je prends toute la place et je coupe l'herbe sous le pied de celLEux qui veulent parler à ma place, parce qu'ils ne diront jamais qu'il faut tolérer les gouines, parce que je m'en fous qu'on me tolère,
je veux de l'espace, que mes copinEs aient de l'espace, que nos utopies et nos expériences aient de l'espace, que nos erreurs et nos doutes aient de l'espace, de l'espace encore pour nos images, nos mots, nos musiques, nos cris, nos rires, nos douleurs, nos identités, notre fierté et notre joie

L.

Je suis en recherche, en évolution, en construction.

Je n’appartiens pas au genre féminin,  sans doute au genre masculin. J’essaye de mettre mon corps en accord. Je n’ai pas d’identité fixe. Je suis fluide.

J’aime les femmes.

Je rêve d’un corps que j’ai pas eu, que j’aurai peut être jamais. Je rêve qu’on cesse de me percevoir comme une femme. Mais pas comme un homme non plus. Je suis chiant.

Entre deux probablement. Transgenre peut être.

Les mots sont-ils capables de décrire un Etre ?

Human after all.

vendredi 22 octobre 2010

Corto

Je suis l’enfant né tatoué. Je suis l’enfant né le jour de la mort du frère, un an auparavant, ayant vécu 17 jours.
N’allons pas sortir nos mouchoirs et nos artilleries stupides de psychiatres de comptoir....
toute ma force, toute mon ambiguïté, toute ma complexité, et les tréfonds de ma féminité sont inscrits sur ce tatouage.
Alors, bien sûr, et sans entrer plus dans les détails, la route fut longue, aride, sinueuse et escarpée pour arriver à ce constat.
L’enfance garçon manqué, l’adolescence douloureuse, l’âge jeune adulte d’une violence inouïe, à me heurter à grande vitesse contre les murs suintants pour les âmes égarées, les corps sans nom étreints, les substances, la vitesse, l’ivresse, la vie à prix triplée, la nuit tous les prix triplent....
croire qu’avec toute cette violence le tatouage s’effacerait,
croire qu’avec toute cette violence la douleur des parents serait étourdie par l’angoisse
et puis, oui, l’amour avec une fille. Et la lumière. L’évidence même....
Aujourd’hui je suis la femme «père» de Gaspard. Mon prénom reste mixte, Féminin/Masculin...y a pas de hasard, je vous dis.
J’écarquille les yeux tous les jours sur la femme mère de Gaspard, le fils garçon qu’est Gaspard....et même si pour rien au monde je n’aurai accepté le lien de la maternité... et même si cet acte d’une force que j’aurai bien du mal à vous dire, ne fut jamais et ne sera jamais le seul but de ma vie, ni de notre vie,
je suis l’enfant tatouée, fière à en crever de transmettre ce seul putain d’élan capable de nous foutre la tête en haut ou en bas, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire : la vie.

vendredi 15 octobre 2010

bggb

Je me nomme donc je suis

Au départ, j’entends « garçon manqué », et je vois que mon frère. C’était peut-être mon modèle. Sur les photos, je me plais, on pourrait croire que je lui ressemble. Si j’étais son petit frère…
« Garçon manqué », très vite c’est ce qui semble me définir, dans une classe, dans une école, dans mon milieu. Je comprends et je comprends pas à la fois. Je comprends encore moins pourquoi je raconte que je suis né garçon mais que mes parents voulaient une fille après mon frère, alors ils m’ont transformée. On me croit.
Un jour je suis dans la cour, avec mes copines on a noué nos écharpes et quand on glisse à deux chacune un bout dans notre ceinture, on arrive à faire la longueur de la cour. Des grandes sur un banc nous regardent. « Sales gouines », crie l’une. Je connais pas ce mot, mais je suis remplie d’effroi.

J’ai une dizaine d’années maintenant. J’ai compris que je devais regarder les garçons, j’ai compris que mes envies de cheveux courts, de grosses chaussures et de jeans larges n’étaient pas normales. Pourtant, je joue à passer seule dans les couloirs entre midi et deux en roulant des mécaniques et j’entends : « eh beau gosse », et puis : « et mais c’est un mec ou une fille ? », je m’enfuis.

J’ai quinze ans. Je hais les homosexuelLEs, je les méprise, c’est plus fort que moi, malgré une éducation homophile, j’ai envie de les mettre sous terre, leur faire comprendre ce que je pense d’eux et de leurs manières dégueulasses.
Je baise avec des mecs, le plus vite possible.

J’ai 18 ans. Quelque chose s’est effondrée en moi. Un truc a lâché. Trop de haine, trop de dégoût, trop de douleur et d’insensibilité à la fois, j’ai coupé, brûlé, torturé mon corps, et ça me mène à l’isolement de la société. Et dans ce groupe de parias que nous sommes, l’une de nous se dit bisexuelle. Pour la première fois, je me penche sur l’idée, c’est comme une brise qui passe sur mes épaules, je trouve ça pas plutôt cool, j’ose dire et penser : « ce serait pas mal de l’être… ».

J’ai 20 ans et je me planque derrière un écran tard la nuit pour aller sur des « chats de filles ». C’est comme ça que je les appelle. J’ose rien dire : je sais pas ce que je suis. J’ai juste le cœur qui bat. Enfin.
J’ai 20 ans. Première gay pride, première soirée lesbienne, première meuf. Je suis homo. Je suis lesbienne. Pour la première fois je me nomme ; pour la première fois je suis.

Je vis une vie de lesbienne. Ma meuf (la première), ses filles, mes études. Je m’abonne à Têtu puis je me désabonne, parce que trop parisien depuis que j’ai quitté Paris ; je crache sur les ghettos, sur le Marais qui m’a pourtant ouvert toutes ses portes. Je dis : « la priorité, c’est les droits humains (parce qu’on ne dit pas droits de l’Homme, ça je le ressens), la priorité, c’est politique, comme le racisme, comme les étrangers ». Je dis : « de quoi se plaint-on, on a tout en France ; même le pacs ». Je me pacse. Jamais je ne me suis fait agresser à Paris, juste parfois sentie « mal à l’aise » - ni dans cette ville paumée d’Auvergne où je vis désormais, avec ma femme et mes belles-filles, au grand jour. De quoi se plaint-on en France ?

J’ai 25 ans, je rentre à Paris.  Je remets pas les pieds dans le Marais, pas la peine j’ai ma vie toute tracée.

Deux ans plus tard, j’assiste à Lille au procès du député Vanneste, à l’occasion d’un stage en cabinet d’avocat. Au tribunal, je me fissure. Je rentre à Paris en deux morceaux, une véritable hémorragie. Les mots de Vanneste crissent encore. Sa haine. Son dégoût. Je suis homosexuelle, nous sommes homosexuel-le-s, des gens nous haïssent, des gens nous préfèrent morts, des tas de gens, presque la terre entière, je mets un pied dans Act Up-Paris.

Gouine. Butch. Queer, tout explose. Je suis d’abord Gouine, ENFIN, après tant d’années, une vingtaine depuis cette cour d’école où le glas avait sonné, gouine tellement, je me débarrasse de ces cheveux trop longs, j’assume ces fringues trop larges, j’exulte, je m’autorise, j’accepte aussi d’avoir mal, parfois, je me découvre, je laisse mes yeux courir sur les angles de mon visage, ceux que j’avais maudits pour n’être pas assez trompeurs, pas assez pour me faire passer pour une « fille », une « vraie », je me souris dans le miroir, je passe de la cire dans mes cheveux, je m’achète une casquette, je jouis des confusions, trop rares, madame monsieur, et si je finissais par enfin me ressembler ? Je suis au cœur de ma communauté, que j’adule après l’avoir tant repoussée, avec les pédés c’est le top, je suis comme un poisson dans l’eau, ni homme ni femme, eux m’appellent  « butch » mais ils sont trop sensibles, certaines gouines rigolent en m’appelant « pédé », je me sens bien, ni l’un ni l’autre, juste un poisson dans l’eau, mais quand il faut parler je dis que je suis « gouine », très fort, parce que Simone de Beauvoir, parce que Wittig, et les autres après, femme, lesbienne, gouine rouge, virago verte, j’ai lu ni Butler ni Preciado, mais j’ai écouté les gens me parler des trans, des intersexuéEs, des queers, et j’ai senti que je n’étais pas juste gouine, mais les mots, MES mots, manquaient.

Un jour, vers 30 ans, j’ai entendu pour la première fois la chanson de Danielle Messia, « De la main gauche », c’est con mais j’ai vu le chemin parcouru, depuis cette époque où je jouais au grand frère de mon grand frère, à aujourd’hui, heureuxSE dans ce corps féminin mais pas trop non plus, et avec ces parures masculines, mais pas trop non plus. Je suis un genre de gouine-pédé. Avec toute la liberté qui existe entre ces deux identités. Aujourd’hui, je réfléchis au queer. Je suis prête à me laisser séduire par ce mouvement racoleur, à abandonner mon identité de gouine. Mais pas trop non plus.
Parce que j’ai trop conscience de ce qu’est être une femme. Née femme dans un corps de femme, élevée et le plus souvent perçue comme telle. Les femmes restent mes sœurs, même quand je me sens être le frère de mon frère