vendredi 22 octobre 2010

Corto

Je suis l’enfant né tatoué. Je suis l’enfant né le jour de la mort du frère, un an auparavant, ayant vécu 17 jours.
N’allons pas sortir nos mouchoirs et nos artilleries stupides de psychiatres de comptoir....
toute ma force, toute mon ambiguïté, toute ma complexité, et les tréfonds de ma féminité sont inscrits sur ce tatouage.
Alors, bien sûr, et sans entrer plus dans les détails, la route fut longue, aride, sinueuse et escarpée pour arriver à ce constat.
L’enfance garçon manqué, l’adolescence douloureuse, l’âge jeune adulte d’une violence inouïe, à me heurter à grande vitesse contre les murs suintants pour les âmes égarées, les corps sans nom étreints, les substances, la vitesse, l’ivresse, la vie à prix triplée, la nuit tous les prix triplent....
croire qu’avec toute cette violence le tatouage s’effacerait,
croire qu’avec toute cette violence la douleur des parents serait étourdie par l’angoisse
et puis, oui, l’amour avec une fille. Et la lumière. L’évidence même....
Aujourd’hui je suis la femme «père» de Gaspard. Mon prénom reste mixte, Féminin/Masculin...y a pas de hasard, je vous dis.
J’écarquille les yeux tous les jours sur la femme mère de Gaspard, le fils garçon qu’est Gaspard....et même si pour rien au monde je n’aurai accepté le lien de la maternité... et même si cet acte d’une force que j’aurai bien du mal à vous dire, ne fut jamais et ne sera jamais le seul but de ma vie, ni de notre vie,
je suis l’enfant tatouée, fière à en crever de transmettre ce seul putain d’élan capable de nous foutre la tête en haut ou en bas, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire : la vie.

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