dimanche 24 octobre 2010

Buddy

Radio trottoir involontaire :
- Rue : « ben moi je ne dis pas que je suis hétéro, alors pourquoi tu dis que tes gouine ? »
- travail : «  eh c'est une insulte, tu t'insultes toi même et tu veux qu'on te respecte ? »
- famille : «  ce n'est pas très joli dans la bouche d'une fille, ma chérie, moi je préfère homosexuelle»
si j'avais voulu ton avis, je te l'aurais demandé !
Oui perverSE, malade, salE, pas normalE ! Et pourtant le droit de dire merde et même parfois d'ouvrir de nouvelles voies, le fait que je sois gouine, que nous soyons gouines, transgenres, folles, futchs, bi, queer, domina, ...................etc................... fait exploser le cadre !
Merde, chiotte, bitch, chatte, GOUINE !

Provocation versus fiertéE ?
Être gouine c'est faire de mon statut pourri un axe de revendications, une raison d'être fièrE, un angle de réflexion, c'est admettre que si je suis dominéE par ce bout là, je suis dominantE ailleurs, comprendre la place que la société a choisit pour moi et la combattre, travailler les paradoxes, envisager les convergences,
Au début, j'étais homo, goudou, pas sure, « j'me ferme pas d'porte », et en fait... honteusE ! J'ai pris mon temps pour comprendre que ce que je croyais être des liens avec le monde normal n'étaient pas choisis, comme des cordes autour de mes poignets et de mes chevilles, que je devais m'en défaire si je voulais exister .Ensuite je suis devenuE lesbienne, et je cherchais frénétiquement mes semblables, j'en ai trouvé qui se tâtaient aussi et ensemble on a sauté le pas, chacunE à sa façon, mais touTEs dans la même direction,
maintenant je suis unE gouine, j'oscille à l'envie entre une petite butchitude glam et une franche androgynie spontanée, et maintenant, pour de vrai j'ai ouvert des tas de portes, de fenêtres, j'ai pété des murs aussi, je suis gouine point point point, à l'identité mouvante mais pas friable, enrichie de tous ses courants d'air et d'idées.
je suis gouine donc regarde le monde d'une place à part et consciente, de celLE qui n'appartient pas à la grande communauté de la solidarité familiale, de la maternité imposée, du mariage comme normalité, du couple comme étalon de valeur, de celLE qui veut aimer et baiser dans tous les sens, révolutionner le monde social et le monde du cul,
de celLE qui, étant moche et perversSE, fait de ces tares l'instrument de son autonomie, de celLE qui se sent travestiE en robe couture occasionnelle et qui aime ça, qui s'adore en caleçon et parle de ses poils avec tendresse, qui aime et baiserait bien les butchs, les fems, les mécanicienNEs en talon haut, et qui aimerait les baiser différemment, parce que je ne suis ni un homme en plus doux ni une femme en plus brutale,
de celLE qui milite contre les violences faites aux femmes, qui sait que ces violences sont partout à combattre, y compris chez les gouines, y compris en elLE,
en me nommant gouine je disloque la force de la norme, en moi et autour de moi, je m'affranchis du seul désir de convaincre, je vais très loin parce que c'est jamais trop loin, parfois je souffre en silence et souvent je gueule à plusieurEs, je continue à combattre, à désirer, à créer, à m'aimer et à aimer, je prends toute la place et je coupe l'herbe sous le pied de celLEux qui veulent parler à ma place, parce qu'ils ne diront jamais qu'il faut tolérer les gouines, parce que je m'en fous qu'on me tolère,
je veux de l'espace, que mes copinEs aient de l'espace, que nos utopies et nos expériences aient de l'espace, que nos erreurs et nos doutes aient de l'espace, de l'espace encore pour nos images, nos mots, nos musiques, nos cris, nos rires, nos douleurs, nos identités, notre fierté et notre joie

2 commentaires:

  1. on le prend cet espace, meme si souvent il faut l'arracher!!et de gueuler a plusieurs ca me permet de moins souffrir touTE seulE.. ;)
    j"aime lire ces textes!!

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  2. Yeah Buddy, tes mots sont tellement justes ! Et ce micro-trottoir... je voudrais leur faire péter le micro dans les dents, tellement on a entendu ces phrases...

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