mardi 16 novembre 2010

Chloé


Je me nomme comme je suis :
Je suis une femme, je ne me suis jamais perçue autrement c’était une évidence, petite je détestais les robes au grand désespoir de ma mère qui adorait me « déguiser » en poupée avec des robes à volants et coiffer mes longs cheveux, une femme peut porter des pantalons.
A 7 ans je faisais des cauchemars dans mon lit je me voyais toute petite dedans et puis le plan s’élargissait jusqu’à s’étendre à l’infini et que je ne sois qu’une poussière, je prenais conscience de mon impermanence et de mon statut d’être humain, l’angoisse…
Je jouais au docteur avec ma meilleure amie j’étais la patiente j’aimais ça, j’ai embrassé un garçon avec la langue pour faire comme au cinéma j’ai détesté ça, normal à 7 ans, j’ai changé d’avis à l’adolescence.
J’étais amoureuse du Pourvu qu’elles soient douces de Mylène Farmer je regardais le clip au top 50 avec mon père, je me disais que je « finirai lesbienne » je ne sais pas comment je connaissais ce mot et je trouvais ça atroce.
A 14 ans je me suis féminisée, j’ai commencé à porter des jupes et des robes, à me maquiller, à me coiffer, j’étais désespérée de ne pas voir mes seins pousser, ce qui arriva plus vite que je ne l’avais prévu, j’avais beaucoup de prétendants.
J’ai rencontré mon premier amour à 16 ans, ma première expérience sexuelle aussi, j’ai aimé, c’était un beau garçon rebel avec une moto, je regardais les filles je pensais que mes copines en faisait tout autant, je ne m’interrogeais donc pas plus que ça.
Et puis il y a eu le nouvel an 2007 je suis sortie en boite j’avais 17 ans et il y a eu Brigitte qui dans la soirée m’a regardée et m’a lancé « Dis tu veux pas m’embrasser ? » Je me souviens que ma tête s’est mise à tourner et que sans réfléchir je lui ai donné ce qu’elle me demandait : c’était doux, chaud, délicieux…
Ma meilleure amie voyant cela m’en a demandé tout autant, je m’y suis refusée, c’était mon amie je trouvais ça déplacé.
J’ai quitté ce garçon, il était d’ailleurs bisexuel, au tout début de notre relation il m’a trompé avec un homme je ne suis pas offusquée de son aveu.
Quand mes parents me demandait où je sortais je leur disais que j’allais en boite homo, je ne voyais pas où était le problème et eux non plus.
J’ai rencontré ma première copine je l’ai invité à dormir à la maison, j’avais 18 ans, elle 25, je trouvais ça normal, ma mère très polie lui a demandé le lendemain si elle voulait rester déjeuner, elle a accepté.
Quelque temps après ma mère interloquée, un midi dans la cuisine m’a lancé « Je ne comprends pas, je n’ai jamais été attirée par mes amies féminines »
 Je lui ai répondu « Mais moi non plus maman » de ce jour elle a comprit.
Aujourd’hui j’ai 30 ans, je suis une femme qui aime les femmes peu importe leur genre, j’aime l’esprit féminin dans toutes ses formes, qu’elles se revendiquent en tant que telle ou pas, je veux des enfants, trouver ma « moitié ».
Ma famille, mes amis le savent, je n’en parle pas au travail j’estime que c’est ma vie privée, on ne m’interroge pas il est tellement évident que pour eux je suis hétérosexuelle, plus d’un serait surpris, je ne me cache pas dans la rue, je m’en fiche.
Je suis qui je suis.

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