jeudi 4 novembre 2010

Un Légo

Je vous salue Marie pleine de grâcefaites que demain je me réveille avec le même corps que mon frère. Jai longtemps fait ce vœu, jai bêtement pensé qu’ il fallait prier, fort très fort pour que Dieu, mentendeen vain. Jétais petite et naïve, Dieu n'y est pour rien.
Jétais moi, ce moi qui vivait dans ma tête, dans mes gestes, mes attitudes. On ma laissé grandir sans tuteur et je suis une belle plante ! Dieu merci ! Ma famille ma toujours considéré je pense comme un être vivant et non pas comme une « petite fille ». Mon frère a essayé de mapprendre a pisser debout, à siffler, mon père nous emmenait au foot, jai marqué des buts et ma mère applaudissait.
Jai eu les cheveux courts, un coiffeur pour homme, une mobylette et un manuel pour apprendre a confectionner  des bombes offert par mon père. Tôt jai emmené des filles ou des garçons dans ma chambre sans que lon ne me pose de questions.
Mon enveloppe corporelle sest étoffée dune paire de sein, plutôt généreuse, mes ovaires ont commencé leur travail et mes cheveux sont devenus longs et entretenus. Mon corps d enfant ma dit au revoir, avec tout ce qui va avecje nai plus pu être ce ni « fille » ni « garçon » que jaimais tant. Je suis devenue de sexe féminin aux yeux de tous. Jai compris quil y avait des différences alors. Différence de rôle, de conditions, de savoir  être et de devoir être.

Mélodie dun soir :

Grâce à mon vagin, je peux jouer à Barbie,
Grâce à mon vagin, je peux être femme au foyer,
Grâce à mon vagin, je peux me faire pénétrer,
Grâce à mon vagin, je peux me faire engrosser,
Grâce à mon vagin, je peux me taire,
Grâce a mon vagin, je peux me faire traiter de salope,
Grâce à mon vagin, je peux me faire tuer.


Mais mon cerveau et ma vie jusquà ce moment là eux nentraient pas dans ces codes. Il a fallu tricher, se conformer un peu à ce quon attendait de moi.
Un jour, un documentaire passe sur les femmes homosexuelles voire butch aux USA.Merci mon Dieu, je sais maintenant que jai un futur.
Je vis dans un village du sud de la France, très France profonde, on ne remet rien en question, on fait attention à ce que les voisins pourraient penser.
Tout le monde sait pourtant que je vais à la piscine en caleçon de bain, que je fais du skate, que mes cheveux sont trop courts, que je suis déguisée pour ma communion, et que mes parents ne méduquent pas comme il se doitJe ne ressens pas le poids du jugement pourtant, je nai jamais eu de réflexion sur mon attitude ni mon comportement. On ne connait pas dhomosexuel ni de gens pas comme il faut  ici, ou bien ce sont des histoires de famille que lon cache tellement cest moche.
Depuis mes premiers souvenirs denfant, je sais que mon attirance ira vers le sexe féminin, je fantasme des histoires, on projette même avec mon frère davoir des petites copines. Pour autant, jembrasserai aussi des garçons et même leur sexe. Je ne me refuse rien, jamais. Par contre avoir un petit copain me semble plus dur à concevoir quune petite copineJe ne me projette jamais dans une relation avec un garçon, je nai été que rarement amoureuse. En parallèle, je découvre le corps des filles et leur sexe, le mien restera mon intimité, longtemps. Je pense alors que je suis homosexuelle mais cette pensée reste loin, je vis les choses cest tout et je les aime. Par ailleurs, se dire aimer les filles me fait prendre aussi conscience que celles-ci veulent que lon soit aussi des filles - filles

Je ne sais pas nommer ce que je suis, mais je sais que ma rencontre avec un lego, mon récent engagement militant au sein d’un collectif trans-gouine- pd , les rencontres que j’ai faites depuis quelques années et les questionnements que j’ai pu avoir, m’ont permis de voir l’étendue des possibles « d'être ».
 Tout est basé sur le SEXE, lidentité sexuelle, attestée sur des bases soit scientifiques (caryotype, appareil génital), technique (les notions de savoir faire dit « masculin » ou « féminin » et qui de fait attribue les rôles sociaux, économiques, familiaux, privés publics à un « sexe »), juridique (droit de vote acquis récemment pour les femmes, nom de lépoux), social (comportement que chaque « sexe » doit avoir).
Le SEXE aussi qui indique qui tu seras, soit un « dominant » soit un « dominé » dans la sphère publique comme privée.
Le SEXE qui déterminera ton rendement économique mais aussi et de fait ton « pouvoir dachat ».
Le SEXE qui te dira si tu peux jouir ou nêtre quun « vide couille » (viol, harcèlement physique, verbal, moral) ou  un « défouloir ».
Le SEXE impose toujours une distinction.
Malgré tout, je ne me nommerai pas, au pire, je pourrai me voir comme un « Monsieur ou une Madame Patate » avec un corps que j’accessoirise au gré de mes envies.  Je n’en ressens pas le besoin, je sais qui je suis et pense savoir où je vais. Se nommer reviendrait pour moi à mettre plus en avant une partie de ma personne et à  hiérarchiser ce qui me constitue (physiquement comme mentalement). Par ailleurs, j’ai bien conscience que nos corps et nos valeurs en contradiction avec la société hétéro-patriarcale-capitaliste et par voie de conséquence discriminante  sont des combats politiques, qu’il faut défendre et  imposer.
Merci à mes compagnons de jeux et de vie.


Un Légo…

1 commentaire:

  1. hey hey, j'aime bien cette image de monsieur/madame patate!!en effet je trouve que ce serait genial!!moi je mets l'image du cyborg, un melange d'organique de de mecanique, une entite choisie, une matiere a laquelle on peut ajouter ou enlever a sa guise des elements..puis t'as lair d ebien te demerder avec le poids des injonctions, je trouve ca pas toujours evident qd t'es ultra minoritaire dans un espace straight, et que les gentes de tte maniere n'imaginent meme pas comme possible ce que nous sommes..

    "Grâce à mon vagin, je peux jouer à Barbie,
    Grâce à mon vagin, je peux être femme au foyer,
    Grâce à mon vagin, je peux me faire pénétrer,
    Grâce à mon vagin, je peux me faire engrosser,
    Grâce à mon vagin, je peux me taire,
    Grâce a mon vagin, je peux me faire traiter de salope,
    Grâce à mon vagin, je peux me faire tuer."
    Moi je retiens qd meme que grace a mon vagin( et pas que) je peux me faire penetrer, et grace a lui je peux etre etre une salope, jaime beaucoup les salopes(et pas que celles qui ont des vagins ;)Mais oui apres bein sur je te rejoins pour tt ce que signifie avoir un vagin dans cette societe!!!apres je n'aimerai pas nn plus assumer ce que l'on impose a ceulles qui ont une bite!!victime , bourreau, qd ce sont des roles imposes, les deux sont victimes !!emme si evidement ya dans ce contexte la une victime qui morfle plus que l'autre!!Mais bon avec une bite, tu peux assi te faire violer, tuer, dominer, humilier parce que tu ne reponds pas aux normes du mec macho, fort, protecteur..etc etc!!l'ideal serait de desacraliser nos organes genitaux et d'en faire des espaces de jeux et d'experimentations, sans y accrocher de sacro saintes valeurs ou normes!!
    puis pour ma part le seul dieu que je veuille bien evoquer cest le oh my god(e) !!pour le jeu de mots!!jai priE aussi longtemps, ya tres longtemps maintennat je prefere jouer et jouir que de croire!!mais je sais que toi aussi, je connais ton gout pour l'ironie!!
    alors lego, je te souhaite de t'emboiter encore et encore, pour des siecles et des siecles ;)
    gaelLE

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